La CGT-B face à certains grands événements socio-politiques

LE BILAN DE 4 ANNÉES DE RÉVOLUTION

Du 8 au 10 janvier 1988, le Front Syndical (préfiguration de la CGT-B), dont les militants ont payé le prix fort pour la résistance organisée contre les atteintes graves aux libertés démocratiques et contre la baisse du pouvoir d’achat des travailleurs, a accepté l’invitation à prendre part au bilan de quatre (4) années de révolution du CNR. A cette occasion, il n’a pas manqué d’exiger du nouveau pouvoir que « … cessent désormais les arrestations arbitraires et les détentions abusives, les tortures… les licenciements, suspensions et autres dégagements pour des raisons politiques et /ou syndicales… Il faut aussi que justice soit rendue aux victimes des tortures de toutes sortes, que les tortionnaires soit arrêtés, jugés et au besoin condamnés… le respect des libertés démocratiques et syndicales notamment les libertés d’opinion, d’expression, d’association, de presse, de circulation ; le droit de grève, le secret de la correspondance et l’inviolabilité du domicile

LE BILAN D’UN AN DE RECTIFICATION

Dans le même esprit, la CGT-B a pris part du 26 au 28 janvier 1989, au bilan de un (01) an de Rectification du FrontPopulaire du Capitaine Blaise COMPAORE. A cette occasion, les questions des libertés démocratiques et syndicales ainsi que les questions de réparation des torts commis reviendront dans les interventions de la CGT-B.Dans les débats sur la presse privée au Burkina Faso, la CGT-B fait partie des rares organisations qui ont courageusement défendu l’idée de la nécessité d’une telle presse. En rappel, le journal L’Observateur dont le siège avait été incendié sous le CNR, venait de réapparaître, au grand dam du Front Populaire et de ses Comités Révolutionnaires (CR) qui n’étaient pas prêts à l’accepter. C’est en désespoir de cause que le pouvoir a exigé que le journal change de nom, d’où la nouvelle appellation

LE NON RESPECT DU PROTOCOLE D’ACCORD GOUVERNEMENT/SYNDICATS DE 1991

Face au non respect du protocole, le Collectif Syndical CGT-B, après l’échec des concertations entreprises avec les autres centrales syndicales pour une réaction commune, a pris ses responsabilités en organisant la première grève générale les 1er et 2 juin 1992. Cette grève qui a connu un franc succès à travers tout le territoire (avec une participation massive des travailleurs y compris des militants des autres centrales), donnait l’occasion au mouvement syndical de renouer avec la lutte légale.V

LA DÉVALUATION DU FCFA

Le 12 janvier 1994 intervient la dévaluation du FCFA. Le Collectif Syndical CGT-B appelle à la mobilisation et à la grève les 6, 7 et 8 avril 1994 pour exiger le respect, par le gouvernement, du protocole d’accord gouvernement – syndicats, le rétablissement de la valeur du point indiciaire, la détaxe (TVA) des produits de consommation courante, etc. et le relèvement du pouvoir d’achat des travailleurs.La grève est bien suivie. La lutte se poursuivra par des conférences sur le sens et les conséquences de la dévaluation.

DE L’ORGANISATION D’ÉLECTIONS PAR LE MATS À LA COMMISSION ÉLECTORALE NATIONALE INDÉPENDANTE EN PASSANT PAR LA CNOE

Le 12 janvier 1994 intervient la dévaluation du FCFA. Le Collectif Syndical CGT-B appelle à la mobilisation et à la grève les 6, 7 et 8 avril 1994 pour exiger le respect, par le gouvernement, du protocole d’accord gouvernement – syndicats, le rétablissement de la valeur du point indiciaire, la détaxe (TVA) des produits de consommation courante, etc. et le relèvement du pouvoir d’achat des travailleurs.La grève est bien suivie. La lutte se poursuivra par des conférences sur le sens et les conséquences de la dévaluation.

DE L’ORGANISATION D’ÉLECTIONS PAR LE MATS À LA COMMISSION ÉLECTORALE NATIONALE INDÉPENDANTE EN PASSANT PAR LA CNOE

 Ces Présidentielles ont été organisées par le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Sécurité (MATS). Diverses composantes du peuple dont la CGT-B, engagent des luttes pour une organisation transparente et saine des consultations électorales.En 1992, les 1ères législatives sous la IVè République sont organisées toujours par le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Sécurité, dans un contexte de contestations.La CGT-B prend position sur ce débat et réclame une commission électorale indépendante.Après l’adoption de la Constitution le 2 juin 1991, les élections qui ont suivi étaient les présidentielles de décembre 1991.

Le 7 février 1997, la CGT-B reçoit une correspondance du Président de la commission des Affaires Générales et Institutionnelles de l’Assemblée des Députés du Peuple pour une rencontre autour d’un projet de loi sur une Commission Nationale d’Organisation des Elections (CNOE). La CGT-B ne prend pas part à ladite rencontre mais envoie ses observations par écrit.Puis, toujours en février 1997, le MATS écrit à la CGT-B par lettre n°73/MATS/ CAB pour lui demander de désigner un représentant pour être membre de la Commission Nationale d’Organisation des Elections (CNOE) au plus tard le 25 février. La CGT-B rejette l’offre et revendique toujours une Commission Electorale Indépendante (CEI).Finalement en 1998, le principe d’une Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) sera admis par tous et en avril 1998, par lettre N°110/ CCN/98, la CGT-B transmettait par écrit ses amendements sur le projet sur la CENI, au Président de la Commission des Affaires Générales et Institutionnelles de l’Assemblée Nationale (CAGI). Puis le 20 Juillet 1998, la CGT-B rendait publique sa position à propos de la C.E.N.I. Ses amendements n’ayant pas été pris en compte et la CENI n’ayant d’indépendance que de nom, la CGT-B a décliné l’offre de participer à ladite CENI.

LA REFORME GLOBALE DE L’ADMINISTRATION PUBLIQUE (RGAP)

Conçue donc dans le cadre du P.A.S, la RGAP a été présentée aux organisations syndicales à l’occasion d’un séminaire tenu à Goundi (Koudougou) en février 1997. Depuis lors, jusqu’à son adoption au forceps en avril 1998, la CGT-B et le Collectif syndical CGT-B ont pris part à toutes les rencontres et ont constamment dénoncé cette réforme qui prétendait résoudre les maux de l’administration. Leur rejet de cette réforme est lié à son caractère foncièrement anti-travailleur et antisocial marqué notamment par la baisse déguisée des salaires avec ses nouvelles grilles catégorielle et indiciaire, l’allongement des échelons, les conditions draconiennes retenues pour les avancements de classe (d’abord 9/10 révisés en 8/10 pendant 10 ou 8 ans),

 la précarisation des emplois avec la légalisation des suppressions d’emplois, les transferts de compétence, la transformation des agents de l’Etat en travailleurs taillables et corvéables à merci avec un système de notation inadapté, ouvrant la voie aux règlements de compte, à l’arbitraire et au clientélisme.

Le Collectif Syndical CGT-B a mené diverses actions pour empêcher l’adoption de la loi : grèves, sit-in, marches, campagne pétitionnaire qui a recueilli, en moins de trois mois, plus de soixante mille (60 000) signatures.

Après dix (10) ans de mise en œuvre, malgré les moyens colossaux engagés pour la «modernisation» et « développement institutionnel » de l’administration, la RGAP a accentué les maux de l’administration qu’elle était sensée guérir ainsi que le dysfonctionnement des services publics. Ce constat, fait par un cabinet indépendant à qui le gouvernement a commandité le bilan des 10 ans de réforme, venait donner entièrement raison au Collectif Syndical CGT-B et à l’UAS qui, à partir de l’année 2000, exigeaient l’abrogation de la RGAP. Cette revendication n’aboutira qu’en 2015 avec l’adoption de la loi N° 081- 2015/du CNT du 24 novembre 2015 portant Statut Général de la Fonction Publique d’Etat, qui malgré les incohérences et insuffisances qu’elle contient, constitue un acquis important pour les travailleurs.

L’ASSASSINAT DU JOURNALISTE NORBERT ZONGO ET LA NAISSANCE DU CODMPP

Norbert ZONGO et ses trois compagnons d’infortune ont été assassinés et brûlés le 13 Décembre 1998.

  • Le 14 Décembre 1998, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre dans tout le pays et à travers le monde ; des doigts accusateurs d’honnêtes personnes, particulièrement de la jeunesse se pointent spontanément vers les autorités de la 4ème République et pour cause ! la jeunesse descend dans les rues. Le même 14 Décembre au soir, des concertations informelles ont lieu : le groupe du 14 Février prend contact avec la CGT-B. La CGT-B à son tour, prend attache avec le MBDHP et l’UGEB.
  • Le 15 Décembre, le MBDHP, la CGT-B, l’UGEB, l’AJB, le Groupe du 14 Février organisent la veillée funèbre.
  • Le 16 Décembre, une foule immense (plus de cent mille personnes) jamais rassemblée dans un cortège funèbre au Burkina Faso, se déploie pendant plus de 5h, sur la route nationale N°1 pour accompagner Norbert ZONGO et ses compagnons dans leur dernière demeure au cimetière de Gounghin à

Après l’enterrement, le mardi 16 décembre 98, la 1ère concertation formelle a eu lieu au domicile du regretté Norbert ZONGO à 18h, entre le groupe du 14 Février, le Collectif Syndical CGT-B, le MBDHP, l’UGEB, L’AJB et la Ligue de Défense de la Liberté de la Presse.

Cette concertation aboutit à la naissance du Collectif, formalisée par un communiqué de presse daté du Mercredi 17 Décembre 1998 sur la situation nationale, avec les mêmes signataires auxquels s’est joint le GERDDES. Ce groupe sera rejoint par l’Association KEBAYINA des femmes du Burkina, l’Union des Jeunes Avocats du Burkina (UJAB), le PDSU, qui signeront la déclaration du meeting du 19 Décembre 1998.

Le GERDDES ne signera pas ladite déclaration et se retirera finalement du Collectif.

D’une concertation informelle entre quatre organisations au départ, puis formelle à six organisations, le collectif compte à ce jour quarante huit (48) organisations regroupées dans 24 structures, groupes, mouvements et partis politiques.

Le Collectif Syndical CGT-B assure la vice-présidence du Collectif à travers le Secrétaire Général de la CGT-B. Notre collectif syndical joue un rôle central dans l’animation, l’orientation et le fonctionnement du CODMPP aussi bien au niveau national que des différentes régions et localités.

Depuis sa mise en place, le Collectif des Organisations Démocratiques de Masse et des Partis Politiques (CODMPP) commémore chaque année l’anniversaire des horribles assassinats de Sapouy et réitère ses revendications de vérité et de justice pour tous les crimes impunis.

LA GUERRE CIVILE EN CÔTE D’IVOIRE

Les 14 et 15 novembre 2002, la CGT-B, réunie en Conseil de Direction, a analysé les événements survenus en Côte-d’Ivoire et rendu publique sa position à travers une déclaration qui a produit une levée de boucliers de la part du pouvoir de la IV° République et de ses thuriféraires contre elle. Dans ladite déclaration, après avoir analysé la signification et les causes des événements du 19 septembre, de même que les conséquences de la crise en Côte- d’Ivoire et au Burkina, notre confédération a dénoncé la guerre civile réactionnaire, la campagne de xénophobie, de chasse à l’homme orchestrée contre les étrangers, par le pouvoir du Président Laurent GBAGBO. De même,

elle a dénoncé la politique étrangère du pouvoir de la IVe République du Président Blaise COMPAORE, véritable menace pour nos compatriotes à l’étranger ; par conséquent, la CGT-B a appelé les masses laborieuses à la retenue et à la solidarité et invité les travailleurs, et les peuples de la sous- région, particulièrement ceux du Burkina Faso et de la Côte-d’Ivoire, à une solidarité active, dans une lutte commune contre leurs exploiteurs communs que sont la bourgeoisie et l’impérialisme qui sont à la base de leurs vrais problèmes ; enfin, elle a exigé des autorités de Côte-d’Ivoire et du Burkina Faso, la protection de l’intégrité physique et morale de tous ceux qui vivent dans leurs pays respectifs et ceux qui sont contraints au déplacement.

 

L’INSURRECTION POPULAIRE DES 30 ET 31 OCTOBRE 2014

Depuis l’horrible assassinat du journaliste d’investigations émérite, Norbert ZONGO, et de ses compagnons d’infortune le 13 décembre 1998, le Burkina traverse une crise structurelle qui évolue par palier. La CGT-B a contribué, aussi bien au niveau du mouvement syndical que de la coalition contre la vie chère, à organiser de puissantes luttes contre l’impunité, la corruption, la vie chère et pour l’élargissement des libertés démocratiques et syndicales. Contrairement aux partis politiques de l’opposition et aux nouvelles organisations de la société civile, la CCVC estimait que l’objectif de la

lutte ne pouvait se résumer à empêcher la révision de l’article 37, c’est-à-dire au seul départ du pouvoir de Blaise COMPAORE. Pour sa part, le Collectif Syndical CGT-B réunissait le 31 janvier 2014 à la Bourse du travail de Ouagadougou, tous ses responsables nationaux, régionaux et provinciaux sur la situation nationale. Une résolution fut prise, engageant tous ses militants et sympathisants dans l’intensification des luttes contre la vie chère, la fraude, l’impunité, la corruption, le tripatouillage de la constitution, la mise en place du SENAT et pour les libertés. Dans ce sens, il a organisé des sorties sur toutes les régions du pays du 5 avril au 27 août 2014.

La CCVC a organisé un meeting le 29 octobre 2014 au cours duquel il a invité tous ses militants à s’investir pour barrer la route à la forfaiture prévue le 30 octobre 2014 à l’Assemblée Nationale. Elle a en conséquence salué l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre à laquelle ont participé de nombreux travailleurs et militants. En effet, pour la CGT-B et la CCVC, l’insurrection populaire que n’envisageaient pas les organisateurs de la manifestation, a une portée politique immense tant au plan national, sous- régional qu’international. Elle a montré que la classe ouvrière et le peuple peuvent réaliser l’insurrection populaire et renverser un pouvoir qui s’est illustré négativement dans les crimes de sang et crimes économiques, dans les atteintes aux libertés démocratiques et syndicales. Elle a aussi et surtout montré toute l’énergie révolutionnaire, l’esprit de sacrifice, la combattivité et l’héroïsme dont peuvent faire montre le peuple et la jeunesse populaire. Son principal acquis reste, sans conteste, l’espoir qu’elle a redonné à notre peuple, qui a pris conscience de sa force, aux peuples de la sous-région, au prolétariat et aux peuples du monde. Elle a clairement montré à notre peuple son potentiel révolutionnaire, sa capacité à résister à l’oppression et à l’injustice. Elle lui a enfin montré que la révolution est possible dans notre pays et que la violence révolutionnaire n’est pas un fait abominable tel que veulent nous le faire croire les thuriféraires de la bourgeoisie.

LA RÉSISTANCE AU COUP D’ÉTAT DU RSP

Dans le fonctionnement de l’Unité d’Action Syndicale, la CGT-B était à la Présidence De Mois des Centrales Syndicales et donc Porte-Parole de l’UAS du 1er Septembre au 31 Décembre 2015. Dès l’annonce de la prise en otage du Président de la transition, Michel KAFANDO, de son Premier Ministre, Yacouba Isaac ZIDA, et des membres de son gouvernement par le RSP le 16 septembre 2015 dans l’après-midi, le mouvement syndical a lancé un mot d’ordre de grève générale sur toute l’étendue du territoire. Dans ce cadre, de nombreux documents ont été produits (motion de grève générale, communiqués de presse, déclarations). Cette grève a connu un franc succès et a pesé incontestablement

 dans le dénouement de la situation. Dans les régions, les structures locales de la CGT-B, de l’UAS et de la CCVC ont contribué à mettre en place les coordinations de résistance contre le putsch du RSP, lesquelles ont érigé des barricades pour protester contre le putsch. Dans les régions, les populations ont interpellé les Forces de Défense et de Sécurité loyalistes pour qu’elles contribuent à lutter contre le coup d’Etat du RSP. Ce qui fut fait et la résistance fut héroïque et victorieuse.